Reïna
Nombre de messages : 2731 Age : 87 Localisation : Toulon Date d'inscription : 04/01/2010
| Sujet: uNE NOUVELLE... Jeu 7 Jan - 10:43 | |
| A MON AMOUR Aujourd’hui, exceptionnellement, j’ai voulu commencer la journée en ta compagnie. C’est que j’ai rêvé de toi. Je rêve souvent de toi, mais la nuit dernière, ça a été particulier, étrange, spécial. Nous étions tous les deux dans la forêt, nous promenant la main dans la main. Autour de nous, une multitude d’oiseaux nous accompagnait de leur gazouillis. Nous nous parlions par télépathie, c’était la première fois que cela nous arrivait, et nous étions heureux comme deux enfants qui viennent de découvrir un nouveau jouet inconnu mais merveilleux. C’était une sensation vraiment étrange, d’autant plus que les oiseaux semblaient eux aussi nous comprendre. Ils nous souhaitaient la bienvenue, nous escortaient dans notre promenade. L’air sentait bon, la température s’était légèrement rafraîchie. Ce n’était plus tout à fait le jour, ce n’était pas encore la nuit. C’était une demi-pénombre où toute la forêt semble se transformer. Nous avancions toujours… et soudain… tu ne fus plus près de moi. Je sentais encore ta main et tu avais pourtant disparu. Affolée, je t’appelais, toujours mentalement, mais tu ne répondais pas. Je te demandais pourquoi tu m’avais laissé là, si seule, égarée, ne sachant plus que faire. Mais rien ne répondit ; même les oiseaux s’étaient tus. Je m’assis au pied d’un arbre aux branches tordues comme des doigts crochus d’une sorcière et je me mis à pleurer. Je savais que la nuit allait étendre son long manteau noir sur moi et tout ce qui m’entourait. J’étais pétrifiée de terreur ! Je pleurai tellement que je finis par m’endormir. Et quand je m’éveillai, il faisait jour, le soleil resplendissait, le décor avait changé et je me trouvais au bord d’un lac, allongée dans l’herbe. Tu étais penché sur moi, tu souriais de ton sourire tellement enjôleur et tu me dis : « Tu en as mis du temps pour arriver » ! A ce moment, je me suis réveillée et le rêve était tellement présent dans mon esprit, tellement réel, que je l’ai consigné de suite dans mon journal et que j’ai voulu te le raconter sur le champ pour le partager avec toi. D’habitude, je viens bavarder avec toi lorsque ma journée est terminée. C’est comme un rituel. Je rentre à la maison et la première chose que je fais après avoir ôté mon manteau, c’est me mettre pieds nus sur la moquette et trier le courrier. Ton écriture me saute aux yeux. Je caresse l’enveloppe, je hume son parfum, la place sur mon cœur un long moment avant de la déposer sur mon, sur notre lit… Direction la salle de bains. Je laisse couler une douche chaude et bienfaisante sur ma peau pour être toute propre, toute reposée, lorsque je la lirais. Et puis, enveloppée de mon vieux peignoir prune, tu sais celui que tu n’aimes pas (je le porte seulement en ton absence) mais où je me sens si bien ; il est tellement douillet, tellement ancien que je me suis habituée à lui, et, à demi couchée sur le lit, je décachette enfin lentement l’enveloppe. Et je compte les feuillets. Plus longue est ta lettre, plus grand est mon bonheur. En te lisant, j’ai l’impression que tu es près de moi. Tu ne parles pas trop de ton travail. Tu parles de toi, de moi, du voyage que l’on fera bientôt. Je t’écoute et nous dialoguons, toi là-bas et moi, ici et pourtant si près l’un de l’autre ! Tous tes déplacements, tous tes voyages loin de moi, renforce, amplifie mon amour pour toi. L’habitude que j’ai prise de t’écrire de longues lettres est pour moi un bonheur toujours renouvelé. Pendant ton absence, j’ai besoin de bavarder avec toi comme si je craignais que tu ne m’oublies. Lorsque ma plume court sur le papier, je fais un peu du chemin qui nous sépare, j’essaie d’effacer les kilomètres, de réduire les distances, en un mot d’être encore et toujours à tes côtés. Tu me dis que mes lettres te plaisent, te font du bien, que tu les attends avec impatience, que tu ne te lasses jamais de les lire. Tu me racontes que tu attends d’être seul dans ta chambre, détendu, pour prendre la lettre que tu n’as pas encore ouverte, prenant ton temps pour faire durer le plaisir et la dévorer des yeux, fou d’amour, comme une homme affamé, un homme dont le cœur, l’esprit s’envolent vers moi… Alors puisque notre amour est si fort, puisque tu ne te fatigues pas d’écouter, de lire mes cris d’amour, pourquoi me priverai-je de cette joie qui m’inonde lorsque je t’écris si longuement ? A chaque nouvelle lettre, j’ai l’impression de me répéter, de redire toujours les mêmes mots et pourtant, j’en trouve de nouveaux ; il semblerait que mon vocabulaire se renouvelle comme par magie. Aujourd’hui, le temps est gris. Une pluie fine et régulière frappe la vitre de la pièce où je suie assise au coin de la cheminée. Les flammes bleutées crépitent dans l’âtre. J’ai posé sur mes jambes une bonne couverture douce et moelleuse. La chaleur du bon feu me réchauffe et me détend. J’écoute « Le piano sous la mer » de Saint-Prieux. Les yeux fermés, il me fait voyager. Je suis très vite transportée, là où le navire se dirige avant de sombrer dans cette mer turquoise. J’assiste au départ du navire. Le clapotis des vagues me berce, puis un grondement survient, une tempête se déchaîne en même temps que l’on entend le chant des sirènes. Parfois leur appel est mélodieux, sensuel ; parfois leur incantation fait penser aux moulins tibétains. Les vagues puissantes, menaçantes, montent, se dressent, mugissent et engloutissent le navire qui s’enfonce petit à petit dans l’immensité de l’Océan. Et là, j’assiste à un concert sous-marin. La rencontre avec l’ivresse des profondeurs ; c’est le gouffre amer et l’abîme. On croirait entendre le chant des vagues leur déchaînement, sentir le vent hurler, pleurer le piano. C’est tour à tour joyeux, vibrant, affolant, désespéré, prenant, captivant, émouvant, enivrant. Cela me remue et m’enchante. Si tu étais près de moi pour partager ce moment d’intense émotion, mon bonheur serait complet. Ce morceau de musique me transporte, me fait monter des sanglots muets à la gorge. Il ressemble à mes sentiments pour toi, il berce mon amour, m’envoûte comme si les sirènes s’adressaient à toi pour te ramener plus vite près de moi. Le disque s’est arrêté. Pendant un temps, cette évasion au pays du rêve, m’a détendue. La pluie continue de tomber plus forte, plus rapide comme des cascades qui ruissellent, cristallines. Mon cœur déborde d’attendrissement, de joie pure et vibre à l’unisson de la musique qui s’est tue. Une lumière rayonnante et chaude irradie tout mon être. Je pense à toi. Tu vois, mon aimé, j’aimerais que tu sois là, à l’instant près de moi et que je puisse t’expliquer avec mon âme, ce que la vie représente pour moi. Tu me manques tant ! Tu sais si bien être attentif. Tu vois, Michel chéri, dans cette minute je te chuchoterais à l’oreille mille et mille douceurs, je fermerais les yeux et je dessinerais avec mes doigts le contour de ton visage expressif, je plongerais ma main dans ta blonde chevelure, je respirerais ton parfum qui m’enivre. Tu souris ? J’aimerais tant que tu saches ce que tu représentes pour moi. C’est vrai, dès que tu te trouves loin de moi, je me sens perdue, délaissée, abandonnée. Rien n’est plus pareil. Les objets se déforment, le ciel perd de sa luminosité, le pain n’a plus le même goût et mon cœur pleure. Que fais-tu en cet instant ? Penses-tu à moi ? Attends-tu ma lettre ? Comment la liras-tu ? La mettra-tu contre ton cœur, l’enfouiras-tu au fond de ta poche, la cacheras-tu dans ton tiroir, tu sais celui qui est tout en bas à droite de ton bureau, pour la reprendre et la relire encore et encore lorsque tu en éprouveras le besoin ou le plaisir ? Moi, je partage chaque moment de ma journée avec toi. Je te parle dans ma tête et les mots deviennent magiques. Cet amour qui m’emplit, m’apporte force, douceur, joie sérénité confiance, espoir. C’est une émotion douce et violente à la fois qui me serre la gorge et me fait monter des larmes de bonheur. Je t’imagine là-bas dans ton chalet. Tu es assis confortablement dans ton relax, un livre ouvert sur tes genoux, les yeux dans le vague, des volutes de fumée s’échappant de ta pipe. Ou bien, tu es plongé dans un bain chaud, une mousse légère et relaxante jusqu’au menton. Peut-être encore tout simplement t’adonnes-tu aux plaisirs de la table, savourant avec délice un de tes plats favoris et pressé de déguster la glace à la pistache qui fond dans la bouche, glisse dans la gorge et t’apporte tant de plaisir. Gourmand ! Peut-être le téléphone va-t-il sonner ! Ce sera toi qui n’en peux plus de m’attendre, toi avec ta voix si proche et pourtant tellement inaccessible. Tu murmureras des mots fous, des mots drôles, des mots impatients. Je t’écouterais avec ravissement, émue comme une gamine, me laissant bercer par ton timbre si chaud, muette, ayant peur de faire disparaître cette magie. Je soufflerais simplement des « oui » « oui » « encore »… Le téléphone est resté muet. Je suis toujours à ma table de travail laissant courir mon stylo pour te redire mon amour tout en rêvant à ton visage, à ton sourire, à ton corps ruisselant de mille gouttelettes d’eau à la sortie de la piscine. J’aime dans ces moments me serrer contre ta poitrine mouillée, qu’importe si ma tenue en souffre ! Plus rien ne compte, plus rien n’existe que cette communion de nos corps, de nos âmes. Je ferme les yeux et je suis dans tes bras, bercée par notre chanson « Un homme, une femme ». C’est notre première rencontre, t’en souviens-tu ? C’était aux fiançailles de Josy, ton amie d’enfance et de Marc, mon cousin. Je t’ai rapidement repéré parmi tous les invités. Tu étais à l’autre bout de la salle bavardant avec un groupe de personnes. Parfois, tu te tournais vers moi, mais ton regard semblait me traverser, indifférent. Si je n’étais pas si réservée, j’aurais demandé à Marc de faire les présentations… Et puis, tu t’es approché, tu t’es incliné, un sourire mi-moqueur, mi-tendre et tu as murmuré : « Mademoiselle, acceptez-vous de partager cette danse avec moi ». Je crois bien que je n’ai rien répondu, mais je t’ai suivi sur la piste de danse, je me suis blottie dans tes bras et toute la salle a disparu comme par enchantement, l’orchestre, les invités, tout quoi… Nous n’étions plus que deux, toi et moi. Nous ne nous sommes pas quittés de la soirée. Nous avons échangé nos numéros de téléphone et tu m’as proposé de me ramener chez moi. Dans la voiture, nous n’avons pas dit un seul mot. Nous suivions chacun nos pensées, heureux de ce silence plein de non-dits. Mes mains étaient moites, mon cœur battait plus fort et j’aurais voulu que la route s’étire, s’étire sans fin, pour que cet instant dure éternellement. Est-ce cela que l’on nomme coup de foudre ? Mais la réalité a ressurgit brusquement. La voiture s’est arrêtée, tu es descendu, tu es venu m’ouvrir la portière et, très galant, tu m’as aidée à descendre. Tu m’as accompagnée jusque devant ma porte et avant de nous séparer, tu m’as prise dans tes bras, tu m’as serrée très fort, si fort que je ne pouvais plus respirer, peut-être plus par l’émotion que j’éprouvais, et tes lèvres ont pris les miennes, tendrement, doucement, et puis ce baiser s’est prolongé fort, puissant, troublant… Il a bien fallu se quitter. J’ai monté les trois étages comme une somnambule, dans un état second. Je flottais, légère, ayant l’impression d’être sur un petit nuage et d’avoir rêvé cette soirée. Mais non, je sentais encore sur mes lèvres ton baiser si doux et si fougueux à la fois. As-tu ressenti ce même bonheur intense ? J’en suis sûre. Car dès ce soir-là, nous avons compris que nous nous étions trouvés, que nous étions faits l’un pour l’autre. Nous avons su que nous allions partager notre vie, nos espoirs, notre avenir. Tu rentres demain, enfin ! Cette lettre, tu la liras chez nous, installé confortablement dans ton fauteuil préféré. Ce sera le début d’une soirée merveilleuse. Nous ne penserons pas à ton prochain départ. Nous savourerons pleinement cette semaine de tendre complicité, avant de reprendre nos lettres si riches, si précieuses, messagères de notre profonde fidélité. "Je crois J'aime J'espère" Reïna | |
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