Jaurès

Jean Jaurès : Le courage

21 décembre 2013 | Par Catherine Chabrun

« Le courage » décliné par Jean Jaurès en conclusion de son discours à la jeunesse devant les élèves du lycée d’Albi où il a lui-même été élève, puis professeur. Il partage sa philosophie, sa conception pacifiste de la vie. Dans ce discours, il s'adresse à ces jeunes comme à des adultes, alors qu'aujourd'hui, les politiques voient la jeunesse comme incapable de s'engager, de s'investir... tout juste bonne à tapoter sur leurs portables ! Ces mêmes politiques qui considèrent d'ailleurs les adultes guère mieux : juste comme bon public et consommateurs de leurs paroles...

« Mais d'abord, mais avant tout, il faut rompre le cercle de fatalité, le cercle de fer, le cercle de haine où les revendications mêmes justes provoquent des représailles qui se flattent de l'être, où la guerre tourne après la guerre en un mouvement sans issue et sans fin où le droit et la violence, sous la même livrée sanglante, ne se discerneront presque plus 1'un de l'autre, et où l'humanité déchirée pleure de la victoire de la justice presque autant que sa défaite.

Surtout, qu'on ne nous accuse point d'abaisser, ou d'énerver les courages. L'humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement.

Le courage, aujourd'hui, ce n'est pas de maintenir sur le monde la nuée de la Guerre, nuée terrible, mais dormante dont on peut toujours se flatter qu'elle éclatera sur d'autres.

Le courage, ce n'est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l'exaltation de 1'homme, et ceci en est 1'abdication.

Le courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c'est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la vie.

Le courage, c'est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c'est de garder dans les lassitudes inévitables l'habitude du travail et de l'action.

Le courage dans le désordre infini de la vie qui nous sollicite de toutes parts, c'est de choisir un métier et de le bien faire, quel qu'il soit : c'est de ne pas se rebuter du détail minutieux ou monotone ; c'est de devenir, autant qu'on le peut, un technicien accompli ; c'est d'accepter et de comprendre cette loi de la spécialisation du travail qui est la condition de l'action utile, et cependant de ménager à son regard, à son esprit, quelques échappées vers le vaste monde et des perspectives plus étendue.

Le courage, c'est d'être tout ensemble et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe.

Le courage, c'est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l'approfondir, de l'établir et de la coordonner cependant à la vie générale.

Le courage, c'est de surveiller exactement sa machine à filer ou tisser, pour qu'aucun fil ne se casse, et de préparer cependant un ordre social plus vaste et plus fraternel où la machine sera la servante commune des travailleurs libérés.

Le courage, c'est d'accepter les conditions nouvelles que la vie fait à la science et à l'art, d'accueillir, d'explorer la complexité presque infinie des faits et des détails, et cependant d'éclairer cette réalité énorme et confuse par des idées générales, de l'organiser et de la soulever par la beauté sacrée des formes et des rythmes.

Le courage, c'est de dominer ses propres fautes, d'en souffrir, mais de n'en pas être accablé et de continuer son chemin.

Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille ; c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel ; c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense.

Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.

Ah ! vraiment, comme notre conception de la vie est pauvre, comme notre science de vivre est courte, si nous croyons que, la guerre abolie, les occasions manqueront aux hommes d'exercer et d'éprouver leur courage, et qu'il faut prolonger les roulements de tambours qui dans les lycées du premier Empire faisaient sauter les coeurs ! Ils sonnaient alors un son héroïque ; dans notre vingtième siècle, ils sonneraient creux.

Et vous, jeunes gens, vous voulez que votre vie soit vivante, sincère et pleine. C'est pourquoi je vous ai dit, comme à des hommes, quelques-unes des choses que je portais en moi.»


Discours de Jean Jaurès à la jeunesse prononcé à Albi en 1903

http://blogs.mediapart.fr/blog/catherine-chabrun/211213/jean-jaures-le-courage

  

tu aimerais discuter de quoi ? de la façon des politiques d'aujourd'hui de considérer jeunes et adultes ou du courage ? qu'est-ce qui te touche le plus ?

Le courage je pense

la façon dont les politiques considèrent jeunes et adultes aujourd'hui non.
Plutôt, qu'est-ce que la jeunesse et qu'est-ce que l'adulterie? Une fois le point fait à ce sujet, nous pourrons, en temps qu'individus de la société, donc en temps que citoyens politiques de notre temps, considérer ces deux états d'une manière plus juste et ainsi agir en conséquence de cause au sein de notre culture.

Il y a encore le fait que cet homme qui pensait l'humanisme a été assassiné... qu'il est parti de germes laissés par d'autres pour élaborer sa parole et ses actes, qu'à présent nous pouvons à notre tour utiliser les germes de ces hommes-femmes pour continuer plus avant la belle quête qu'est la recherche de notre Humanité...

Rien que cette phrase   : "Et vous, jeunes gens, vous voulez que votre vie soit vivante, sincère et pleine. C'est pourquoi je vous ai dit, comme à des hommes, quelques-unes des choses que je portais en moi.»

"Quelques unes des choses que je portais en moi...", comme une mère porte des enfants... c'est magnifique ce que cet homme portait au sein de son utérus   

 
personnellement, je suis sensible aux personnes qui partagent actuellement notre terre, tu es en France métropolitaine, alors, je citerai Pierre Rabhi pour l'humanisme et le courage
qu'en dis-tu ?

Pierre Rabhi, une belle personne oui pour moi, Humanisme va avec Nature, c'est elle qui peut nous l'apprendre... les gens qui s'enracinent dans la Terre et vivent un rapport intime avec la vie ne cherchent plus à établir des frontières autour d'elles, nuire à l'autre... Avoir le courage de s'incarner pleinement déjà...

j'aime bien cette idée de Pierre Rabhi : chacun gagnerait à avoir son potager, ne serait-ce que pour se rendre compte que la terre est basse pour tout le monde

tout à fait en accord avec toi, je vais même jusqu'à affirmer : nous sommes la terre !
tu vois, je m'incarne pleinement

ici, il y a un seul mot : fenua, "la France" est "te fenua farani", un seul mot pour la terre, la matière terre, le pays, le territoire, une île avec montagne
pas une chanson sans le mot fenua dans les paroles
tous les nouveaux-nés polynésiens ont leur placenta dans le fenua qui nourrit un arbre

tu as raison aussi sur les frontières, mais je t'invite à réfléchir sur la subjectivité du verbe nuire :
nos cuisines sont extérieures, nos réfrigérateurs aussi, les copains se servent
pour les métropolitains, c'est nuire à l'autre, c'est le voler et certains préfèrent les cuisines intérieures ou les réfrigérateurs avec clé et serrure    ils réalisent plus tard ou jamais qu'ils doivent acheter le poisson qui aurait été déposé dans le réfrigérateur si la porte s'ouvrait...

Tout me semble un ensemble de subjectivités, nuire en fait partie, tout comme jouir

en effet, presque toute notre perception est subjective. Ce que nous considérons comme étant objectif, même aux niveaux professionnel et scientifique, n'est qu'une étape dans notre subjectivité innée. Je pense que le premier pas vers la réalisation de l'objectivité est la compréhension de la subjectivité, car paradoxalement, nos subjectivités (les sens, le processus égoïque consistant à nommer et le soi émotionnel ) sont les seuls moyens nous permettant d'arriver à découvrir et atteindre le point objectif réel qui nous échappe : on ne peut pas nous dire à l'avance ce que nous cherchons.

Quand je serai autorisée par le règlement du forum à poster de nouveaux sujets, j'aimerais bien discuter de quelques trucs avec toi et les autres

doit y'avoir un bug...

oui, un bug qui nous fait tourner en rond  

Au sujet du courage :

Le corps de cette jeune femme n'arrête pas de bouger...

Du courage pour la régulation... la régulation par le courage...

j'ai demandé à wikipedia qui m'a répondu "Le but de la régulation est de maintenir l'état stable, conforme à ce qui est prévu, dans le fonctionnement d'une machine ou l'état d'un système."

Ok, c'est de la philosophie politique et je comprends la philosophie moyen, pas bien du tout la politique et les politiques encore moins.   

Le plus grand des courages ne serait-il pas de voir la vérité en face ?

Pour la voire en face il faut se "réguler", dans l'expectative que le fonctionnement de la machine que nous sommes est prévu initialement afin que nous soyons "alignés", donc reliés à la vérité, dans le flux cosmique... etc

Cette jeune femme est peut-être intimidée par la caméra... et elle ne se prétend pas "arrivée"

Le corps de cette jeune femme a certainement une bonne raison pour bouger, c'était juste une constatation, pas un jugement, je n'ai rien supposé.
Ce qu'elle dit est très intéressant, ce que tu dis aussi.

Voir la vérité revient à s'arrêter aux faits, sans interpréter, sans supposer.
Est-ce que tu crois que "ne pas commenter" c'est à dire fonctionner sans le dialogue intérieur, est le fonctionnement de la machine initialement prévu ?

Heu... c'est peut-être son état en charge.... genre mouvement 0. Après, elle est faite pour se mouvoir encore...

  je vais essayer   son mouvement 0 la nuit  pour me charger  , je te tiens au courant   

^_^

le mouvement 0, c'est peut-être comme lorsque l'oiseau achève sa parade nuptiale, le moment 7 èm ciel qui fait pchiiiiiite