Une
nuit de cauchemar
Le vent souffle en
rafales. Les feuilles des arbres jonchent le sol. Les branches se plient et
cassent. Des arbres s’abattent sut le toit des maisons. La pluie déverse des
trombes d’eau. Le tonnerre gronde. La foudre ne cesse de tomber ici ou là,
allumant des feux que la pluie éteint. C’est un véritable déluge. Est-ce que je
fais un cauchemar ou bien est-ce la fin du monde ? Je me serre contre mon
mari qui continue de dormir. Alors, s’il n’entend rien, c’est qu’un cauchemar
vient me torturer.
« Ce n’est pas le
déluge de Noé, c’est celui avant lui ».
Qui m’a chuchoté cette
phrase ? Pourquoi ? Que veut-elle dire ? Les persiennes cognent.
Les portes claquent. Je voudrais bien me lever pour tout calfeutrer, mais je suis
paralysée de terreur dans mon lit. Je n’arrive même pas à réveiller mon mari.
Mes yeux restent fermés ; il me suffirait de les ouvrir pour me rendre
compte que tout est calme, normal. Mais telle une momie, je reste sans bouger
pour aller jusqu’au bout de mon cauchemar. Des éclairs n’arrêtent pas de zébrer
le ciel qui est d’un noir d’encre. Je sais qu’il fait nuit, mais tout de même…
La lune s’est cachée. Mes lèvres s’ouvrent et se ferment sans qu’aucun son n’en
sorte. Je voudrais entendre le son de ma voix pour me rassurer, demander à Dame
Nature d’arrêter cette tourmente, cette dévastation. Les rues se sont
transformées en torrents ! Comment le sais-je puisque je suis toujours
dans mon lit, tremblante ? Vraiment cette nuit n’est pas pareille aux
autres. Que faire ? Allons bon, à présent, une panne d’électricité. Tous
les réverbères sont éteints. Moi qui ai peur du noir… Il faut que je prenne sur
moi, que je me raisonne. Je n’ai qu’à étendre ma main et allumer la lampe de
chevet. Je saurais si chez moi la lumière est toujoirs là. Mais non, comme une
sotte ou une maso, paralysée par la peur, je ne bouge pas. La pluie tombe de
plus en plus forte. Je m’étonne de n’entendre aucun bruit de voitures, ni de
motos. Que ce cauchemar cesse ! Que tout redevienne normal…
De douces caresses sur mon
bras : « Le petit déjeuner est prêt, ma chérie ». Je mets du
temps pour émerger, j’ouvre enfin les yeux et j’aperçois mon mari qui, comme
tous les matins, me réveillent pour déjeuner. Alors je craque… Je ris et pleure
en même temps. Mon mari me regarde, inquiet. Je finis par me calmer et d’une voix
interrogative, je lui dis : « Y-a-t-il eu un déluge avant Noé » ?
C’est à son tour d’avoir peur ; il me prend dans ses bras, me berce comme
un enfant : « Tu as dû faire un drôle de cauchemar. Tu n’as pas
arrêté de gesticuler et de geindre ». J’éclate de rire, moi qui croyais ne
pas pouvoir bouger un petit doigt…
« Allons déjeuner, je
te raconterai. Tu aurais pu me réveiller, cela m’aurait évité cette nuit de
ténèbres ».
Et de mauvaise foi : « Vraiment,
tu n’es pas gentil »