Le vent souffle, en colère. Il gronde, mugit, nous pousse, soulève nos jupes, renverse pots de fleurs et fait virevolter les feuilles des arbres. Il s'introduit dans les maisons, fait claquer les portes et grincer les persiennes. Lorsqu'il souffle doucement, sa chanson nous berce, nous apporte des chuchotements, balancent harmonieusement les branches des palmiers et nous apporte un air léger, parfois rafraîchissant, quel délice, parfois trop chaud, suivant de quelle direction il arrive. Mais ce vent dévastateur, colérique ne respecte rien sur son passage; ni Hommes, ni bêtes, ni plantes. Des champs de culture sont dévastés; des plants de légumes, de fruits, se couchent, sont arrachés. Rien ne trouve grâce à son comportement. Un arbre vient de tomber devant une voiture. Il s'en est fallu de peu pour qu'un nouveau drame survienne. L'automobiliste en est quitte pour une belle frayeur et sa voiture est inutilisable...
Pourquoi Eole laisse-t-il son humeur prendre le dessus? S'amuse-t-il de nous, pauvres humains? Il doit bien rire, là-haut, en Olimpie. S'ennuie-t-il au point de jouer avec nos nerfs? N'a-t-il donc comme occupation que celle de faire souffler ses vents au gré de sa fantaisie? Un peu plus de modestie, de compassion, d'empathie, le ferait plus apprécier de nous simples mortels...
Dieu des vents, maître tout puissant en ta demeure, je t'offre cette prière:
"Fais souffler sur notre planète une douce brise qui chassera pollution et maladies; une brise qui rafraichira notre peau; une brise qui bercera nos rêves de sa chanson; une brise qui balancera doucement branches et feuilles; une brise qui sera en harmonie avec les vagues des mers et des océans"...
Eole, pourquoi feins-tu de ne pas entendre? Je t'imagine, dédaigneux, méprisant, tournant le dos à notre planète et te bouchant les oreilles pour ne pas écouter ma supplique! Égoïstement, tu crains que ta vie ne soit trop monotone... Il est vrai qu'avec toute la multitude de vents qui sont à ton service, que deviendraient-ils si tu ne te servais que de la gentille brise? Ce serait une véritable révolution. La révolte des vents en Olympie! Mais ça, ce serait un autre chapitre...