Peindre d'abord un pendu,
avec une corde épaisse.
Peindre ensuite
quelque chose d'angoissant.
Peindre un petit garçon suspendu à ce pendu.
Placer ensuite cette toile contre un arbre,
dans un jardin, dans une forêt.
Se cacher dans l'herbe
sans faire de bruit,
sans parler...
Attendre jusqu'à ce que le vent
souffle très fort.
Attendre, attendre s'il le faut
pendant des siècles.
S'il souffle,
rester calme.
Il peut effacer le pendu.
Alors peindre à votre tour la fraîcheur
du vent et la clarté du soleil,
la beauté de l'été
et le mouvement de l'herbe et des feuilles:
vous aurez un innocent flâneur dans la nature.
C'est le symbole de la Liberté.
Mais s'il n'efface rien,
C'est la misère, la détention et l'injustice.
Il faudra effacer le pendu et peindre
une prison obscure qui enfermera l'innocent.
("Pour faire le portrait de l'homme libre ou détenu",
inspiré par le poème de Prévert:
"Pour faire le portrait d'un oiseau",
dans Paroles)
Auteur inconnu (Tunisie, 19..)