UN MARCHE DE PROVENCE
Flâner le long des
ruelles, regarder les vitrines, voilà qui change du quotidien et fait découvrir
tant de choses. Mes pas m’ont amené jusqu’à la Cathédrale où je suis
entrée quelques minutes pour écouter le silence. Quelle paix ! Quelle
douceur !
Trois ou quatre personnes
seulement étaient assises. J’ai repris ma promenade et j’ai abouti à un coin du
Marché du Cours Lafayette… Mais c’est l’après-midi et le quartier semble
assoupi… Aucune comparaison, avec, par exemple, le samedi matin ! Ces
matins-là, j’aime errer le long des étalages, colorés, bruyants où odeurs des
olives se mêlent aux parfums des épices. Beaucoup de bruit, beaucoup de monde.
Des gens circulent, discutent ; un échange de langues cosmopolites donnent
vie à ce Marché… Le matin il semblerait qu’un coup de baguette magique réveille
ce coin de la vieille ville et tout se trouve transformé…
Le marchand d’olives est
envahi et les odeurs d’anchois, d’olives, de condiments se mélangent… Puis une
odeur chatouille mes narines : ça sent la mer, l’iode, un étalage de
différents poissons s’offre à ma vue, tandis que les poissonniers nous invitent
à acheter dans leur langage très pittoresque : « ma petite dame, vous
désirez des sardines ? Regardez quelle fraîcheur » !
Une foule nombreuse
circule dans ce sympathique marché du Cours Lafayette : « Qui veut de
beaux fruits ? Approchez ! Approchez ! C’est doux comme du
miel ; n’hésitez pas, aujourd’hui, tout est en promotion ; venez
goûtez »…
« Approchez, un
plateau de légumes pour ratatouille 5 euros ! Regardez, 3 salades, 2
euros » !
Des groupes se forment,
discutent un moment, puis se séparent… Plus loin, les fleuristes accueillants
et souriants proposent tulipes, roses, œillets, renoncules et autres fleurs…
L’odeur appétissante de la
paëlla et du couscous attirent petits et grands…
Un certain matin, en
déambulant parmi ces acheteurs, mon regard a croisé une femme magrébine et
spontanément nous avons échangé un sourire. Cela fait chaud au cœur lorsque
deux êtres anonymes se « retrouvent » sans que rien ne le laissait
prévoir.
Ce même jour, devant une
boucherie, il y avait deux hommes assis, avec devant eux une petite soucoupe
contenant deux ou trois pièces. L’un avait une barbe rousse et buvait de
l’Orangina ; le second était brun avec des piercings. J’ai eu envie de
m’arrêter pour bavarder avec eux tout en leur donnant une pièce. Le roux était
natif de Lorraine, et le brun, de Lille. Celui-ci avait été attaqué dans un
train et jeté sur la voie tout près de Toulon où il vivait depuis dix ans. Tous
deux m’ont expliqué qu’ils préféraient dormir à la belle étoile, même en hiver
alors que ce n’est pas facile, plutôt que d’aller dans un foyer. Il paraît
qu’il y a souvent des bagarres, des ivrognes et que la propreté laisse à
désirer. Pour eux, ils se sentent plus en sécurité dans la rue. Ils m’ont remercié de mon sourire et de notre
courte conversation. Le brun a dit : « Cela fait du bien ».
Combien de sans-abris
sont-ils obligés de vivre ainsi, seuls, en parias ? Quel cheminement les
a-t-il amené à cette vie ? Quelles pensées, quels désirs, ou quelle
amertume passent dans leur tête ?
On devrait plus souvent se
promener ainsi, le nez en l’air, et on apprendrait beaucoup plus de choses
qu’on ne croit. La ville bouge ; les gens passent ; il faut savoir
regarder…